Comment valoriser l’autoconsommation collective auprès des banques ?
L'autoconsommation collective : un sujet encore peu identifié et peu considéré par le secteur bancaire
L’autoconsommation collective est encore une pratique peu connue des banques dans l’analyse d’un prêt pour un projet de développement de centrales issues des énergies renouvelables.
Pourtant, avec la fin progressive de l’obligation d’achat comme valorisation de référence des projets de production d’électricité (pour un grand nombre d’installations photovoltaïques de moins de 500 kWc), l’autoconsommation collective va devenir une variable de plus en plus présente à prendre en compte.
A noter que ce changement de paradigme impacte autant les banques que les producteurs dans leur business model. Nous constatons que pour celles qui ont intégré la notion d’autoconsommation collective, elles sont particulièrement volontaires dans la recherche de solution – bien que l’état de l’art se résume aujourd'hui à du cas par cas. Nous gageons que ce sera bien différent d'ici 1 an !
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le sujet est en pleine évolution (positive). Ce qui suit vise à donner les clés de lecture pour comprendre les enjeux financiers d’une telle pratique.
Comment fonctionne la banque par défaut pour estimer l’octroi d’un prêt sur un projet de nouvelles centrales de production d’électricité ?
Tout d’abord, l’objectif de la banque lorsqu’elle prête de l’argent est de faire un bon investissement. Elle doit donc s’assurer d’avoir un retour sur investissement en prenant en compte tous les risques mesurables.
Mais lesquels ? Exemple sur le solaire (non exhaustif mais synthétique) :
- Risque lié au productible (impact sur la quantité d’électron produite)
- Elle prend en compte le paramètre P90 – qui correspond au niveau de production annuelle qui devrait être dépassé avec une probabilité de 90%)
- Elle prend en compte aussi la sécurisation du foncier (Contrat de bail et assurance associée)
- Risque lié à l’injection
- En cas d’autoconsommation individuelle, qu’est-ce qui garantit dans le temps de maximiser la valeur/le volume qui pourra être injecté sur le réseau ? (Quelle puissance de raccordement, bridage, etc.)
- Quel risque vis-à-vis des politiques en vigueur/à venir sur l'injection au réseau
- Risque lié à la valorisation de la quantité d’électron produite
- Le mécanisme d’obligation d’achat rend cette partie très simple ; avec un tarif connu sur 20 ans, c’est relativement confortable.
- Risque de contrepartie
- En somme, le risque de défaut de paiement de la principale partie. Là aussi c’est très simple avec l’obligation d’achat car c’est EDF OA qui assure l’engagement et le paiement – un vrai confort.
La banque va baser son analyse sur ces risques et va pouvoir estimer les éléments de base pour l’octroi du prêt : montant de l’apport, taux d’intérêt et durée du prêt.
La fin de l’obligation d’achat impacte directement les risques de prêt bancaire
Avec la fin de l’obligation d’achat, le risque de valorisation et de contrepartie est sérieusement remis en cause par la banque qui va naturellement exiger des alternatives et – quoi qu’il arrive - dégrader les caractéristiques du prêt.
Le producteur ne sera pas sans solution d’aide de l’état notamment par le complément de rémunération qui va se généraliser sur les petits segments photovoltaïques (nous y reviendrons dans un autre article). En bref, cette pratique n’apporte pas toujours de garantie (il faut gagner les appels d’offres) et la valorisation de l’électron produit sera bien en-deçà de ce qu’il était avec la mécanique d’obligation d’achat.
Dans cette dynamique, l’autoconsommation collective apparaît ainsi comme une piste complémentaire de plus en plus sérieuse.
Quel montage d’autoconsommation collective viable pour être considéré par une banque ?
Ce qui suit est un idéal et il permet d’imaginer toutes les voies alternatives pour l’atteindre.
De nos échanges avec les banques, elles sont sensibles à une situation où le producteur a un engagement d’achat d’électricité de la part d'un ou ou plusieurs consommateurs à :
- un prix fixe ou croissant avec de la visibilité dans le temps
- sur une durée longue – à minima 7-8 ans
- le temps que le producteur puisse rembourser les intérêts du prêt à la Banque (qui viennent être réglés en priorité avant le capital)
- pour un volume qui soit conséquent; c’est à dire à minima supérieur à 50% de la production
- avec une garantie que le consommateur continuera de consommer dans la durée du contrat.
C’est idéal car cela s’apparente à une forme d’obligation d’achat partielle qui permet de couvrir le risque de valorisation et de contrepartie. C’est donc un matelas solide sur lequel peut s'appuyer l’octroi du prêt.
Comment monter le dossier ?
Animergy vous accompagne pour trouver et conclure les contrats avec le ou les consommateurs concernés.
Que ce soit au niveau :
- de leur identification
- de leur approche
- du bon discours pour les projeter dans l’autoconsommation collective
- des caractéristiques de l’offre à formaliser dans le contrat pour assurer que ces consommateurs soient toujours là en dernier recours
- des échanges avec la banque pour distiller les réelles pratiques et opportunités que réserve l’autoconsommation collective à l’avenir.