Sans obligation d'achat, quelles alternatives pour valoriser ma production PV injectée sur le réseau ?

Rappel de la mécanique de l’obligation d’achat

La valorisation de l’électricité injecté par des panneaux photovoltaïques reposent majoritairement sur un mécanisme d’aide de l’état que l’on appelle l’obligation d’achat.

Ce mécanisme permet de rémunérer la production totale à un prix fixe sur 20 ans exprimé en €/MWh au travers de « EDF OA », acheteur obligé qui va rémunérer la centrale à ce prix sur toute la durée.

Cette aide est ouverte aux installations en toiture, ombrière dont la puissance installée est inférieure à 500kWc et pour lesquelles il n’y a pas eu de subvention. Cela sans limitation de volume, on parle alors de « guichet ouvert ».

Elle est particulièrement confortable en apportant visibilité et assurance pour monter des modèles d’affaires confortables auprès de l’écosystème du photovoltaïque (Producteur, Banque, Bailleur, etc.).

Cependant l’obligation d’achat va se restreindre à moins grand volume de centrale avec un montant de rémunération qui ne cesse de baisser à tel point qu’il met à mal le modèle d’affaire de certaines nouvelles centrales (Ombrières notamment). Dans cette perspective, les producteurs d’électricité photovoltaïque vont devoir exposer leurs nouveaux projets au marché de l’électricité – comme les centrales PV dont la puissance installée est supérieure à 500kWc.

Valorisation de la production PV sur les marchés de l’électricité

Les acheteurs de surplus

Sans acheteur obligé, le producteur doit donc trouver preneur pour acheter les volumes d’électricité qu’il injecte sur le réseau.

Il va alors se tourner vers les acheteurs de surplus traditionnels que l’on appelle également agrégateurs ou responsables d’équilibre.

Leur métier consiste à aller vendre sur les marchés de l’électricité la production des centrales dont ils sont acheteurs de surplus. Ils vont ensuite reverser au producteur le montant de la vente effectuée en prélevant une commission de gestion (« Management Fee »).

Dans le détail, les acheteurs de surplus vont vendre chaque jour au prix Spot en day-ahead (un jour à l’avance) la production électrique prévue du lendemain. Cela implique de recouper le profil de production de la centrale avec des prévisions météorologiques pour positionner le bon volume à vendre sur les marchés. Ceux qui achètent cette électricité sur les marchés peuvent être des fournisseurs (qui vont ajuster les volumes dont ils ont besoin du jour au lendemain pour leur portefeuille de consommateur), des courtiers financiers (qui font des opérations purement financières), voire certaines entreprises qui bénéficient d’accès direct au marché pour acheter leur électricité.

Le M0 solaire

Il existe un indicateur qui permet de relever le montant du prix spot moyen pondéré sur le volume injecté par type de productible – solaire par exemple – pour chaque mois, cela s’appelle le M0 solaire et donne une idée du montant auquel est valorisé une production solaire en €/MWh en moyenne en France chaque mois. Les producteurs PV peuvent ainsi estimer leur revenu en se basant sur ce M0 (en y retirant les frais de gestion de l’acheteur de surplus).

Le prix de règlement des écarts

Comme la météo n’est pas parfaitement prévisible, il y a toujours des écarts entre ce que l’acheteur de surplus a prévu de vendre le lendemain et le volume réel qui est injecté sur les réseaux.

Ces imprévisions sont aussi appelées

Ces écarts sont relevés par RTE qui applique un mécanisme de compensation financière appelé le prix du règlement des écarts pour aller soit pénaliser, soit récompenser l’agrégateur sur ces imprévisions qui peuvent être bienvenues pour équilibrer/sauver le réseau d’une sous-charge, ou mal venues car elles viennent surcharger le réseau.

Ce qu’il faut retenir, c’est que plus la prévision est bonne, plus le modèle économique de vente au marché maitrise ces risques. Les agrégateurs maitrisent bien les prévisions météorologiques à J-1, notamment sur le solaire, pour gérer ces risques; les périodes les moins évidentes restent en inter-saison ou la météo est plus aléatoire.

ACC et marché de l’électricité sont-ils compatibles ?

Oui ! On rentre alors dans une chaîne de valorisation avec 2 maillons dépendants :

Ce qui change, c’est surtout les méthodes de prévision pour l’acheteur de surplus car on vient rajouter une prévision de consommation locale à la prévision météorologique, ce qui augmente le risque d’écart.

Cependant, il existe des solutions pour l’atténuer fortement et l’enjeu est aussi pour la PMO de maitriser la prévision de ce qui sera alloué en ACC et de ce qui sera alloué au marché Spot. Animergy, en tant que mandataire de PMO, est capable de vous conseiller sur la meilleure stratégie à adopter et de gérer la répartition dynamique de l’électricité pour chaque producteur tout en assurant un confort à l’agrégateur qui lui permet d’aller rémunérer au M0 la centrale.

La mécanique du complément de rémunération en AO CRE

La rémunération d’une centrale PV au spot sur les marchés, représentée par le M0 solaire n’est en réalité pas très importante (inférieur à 40€/MWh en moyenne sur l’année 2024). Le recours au marché pour un producteur fait souvent l’objet d’un soutien de l’état pour obtenir une rémunération plus confortable.

L’Etat a mis en place une aide sous forme de complément de rémunération en guichet fermé qui sont accessible via les appels d’offre de la CRE.

Cette mécanique n’est pas ouverte à tout le monde mais seulement aux lauréats d’appels d’offre publiés par la CRE qui limite le volume en puissance installée pour chaque appel d’offres, on parle alors de guichet fermé.

Le complément de rémunération (« CR ») permet de venir compléter le revenu du M0 du producteur pour atteindre un prix fixe (le tarif « T »), déterminé dans la réponse à l’appel d’offre.

Par exemple si le M0 solaire du mois de Juin est à 45€/MWh mais que le tarif T est à 95€/MWh, alors le producteur reçoit un complément de rémunération à hauteur de 50€/MWh injecté. Le calcul est le suivant : CR = T-M0 Le producteur est donc rémunéré à hauteur de T sur sa production, cependant il est possible de gagner davantage en ayant recours à l’ACC.

Est-ce que l’ACC est intéressante avec un AO CRE ?

Oui ! Car aujourd’hui le complément de rémunération s’ajoute à l’ensemble de la chaîne de rémunération première, y compris ce qui est en ACC. Cela pourra évoluer différemment à l’avenir mais pour l’heure, les lauréats d’AO CRE dispose d’une mécanique très avantageuse.

Voyons le calcul ensemble,

Si le prix de vente en ACC est à 105€ en moyenne et que le taux d’autoconsommation collective est à 60%

Si le M0 du mois est à 45€ et si le tarif T est à 95€ alors le CR est à 50€

La rémunération totale est donc en €/MWh est de : (60% x 105€/MWh) + (40% x 45€/MWh)  + 100% x 50€ soit = 131€/MWh.

Le revenu marginal sur ce mois représente 38% du revenu initial, de quoi améliorer considérablement le temps de retour d’un projet PV.

Quid des situations où le complément de rémunération est négatif ? Quel impact sur l’ACC ?

Le complément de rémunération peut parfois être négatif, c’est le cas lorsque le M0 est supérieur au tarif T.

Sur l’exemple précédent, lorsque le M0 dépasse 95€, le producteur doit alors rembourser la différence avec le tarif T. Si le M0 est 100€ alors le remboursement est de 5€/MWh.

Il n’y a pas intérêt à couper l’ACC tant que son prix est supérieur (à 105€ sur l’exemple précédent) car même avec ce remboursement, le producteur retombera sur un prix moyen supérieur au tarif T.

Par contre, si le prix M0 dépasse le prix de l’ACC, là le producteur a intérêt à couper les flux en autoconsommation collective.

Sur l’exemple précédent, si le M0 est à 115€, il fait l’objet d’un complément de rémunération négatif de 20€/MWh tout en dépassant le prix moyen de l’ACC.

Si on applique ce -20€/MWh au 105€/MWh en ACC alors le revenu sur la part ACC tombe à 85€/MWh.

Le producteur a donc tout intérêt à basculer 100% de sa consommation auprès de son acheteur de surplus pour retomber sur son tarif T (115-20 = 95€/MWh).

Est-ce que le dépassement du M0 sur l’ACC est courant ? Que faire concrètement sur l’ACC lorsqu’il intervient ?

Cela n’est pas courant et peut intervenir de façon

Par ailleurs, le M0 est connu en fin de mois et peut être prévisible à partir d’un certain nombre de jour écoulé dans le mois. Par conséquent les risques associées se mesurent au fil de l’eau et cela repose sur une expertise des prix de marché SPOT et sur une maitrise des clés de répartition en ACC. Pour les atténuer, il est important d’avoir une PMO ou un mandataire de PMO qui travaille main dans la main avec l’agrégateur pour réduire simplement le risque de perte.

Quid des prix négatifs sur le marché SPOT avec le complément de rémunération ?

Lorsqu'il y a plus de production prévue que de consommation prévue sur les marchés , le prix SPOT passent en dessous de 0€/MWh. Dans un tel cas, on peut imaginer que le complément de rémunération suit pour garantir le tarif T au producteur mais il est - à date - uniquement réservé aux 15 premières heures négatives. Au-delà il s'annule.

La CRE a par ailleurs mis en place une mécanique d'incitation financière à couper l'injection de la production de la centrale en rémunérant le producteur à hauteur de ~50% du tarif T.

Tout cela dans le but de ne pas abîmer les réseaux sans compromettre le modèle d'affaire des développeurs (en donnant de la visibilité et de la garantie à la banque aussi).

Dans une telle situation, une opération d'autoconsommation collective peut garantir de meilleure résultat. La PMO doit alors mettre en oeuvre une gestion financière qui permet d'une part de conserver la satisfaction des consommateurs et d'autres part d'assurer que le producteur gagnent plus que le fonctionnement réservé par la CRE.

L'idéal étant d'aller jusqu'à piloter la production de la centrale pour écrêter son injection à hauteur de la consommation locale (sujet d'avenir ?).

Animergy est à vos côtés pour faire de vos projets ACC des succès

Cet article présente beaucoup d’aspects spécifiques et connexes qu’il faut maitriser pour assurer la qualité de mise en œuvre d’opérations d’ACC hors obligation d’achat.

Une fois ces éléments maîtrisés, avec de la méthode et les bons outils, la gestion courante de ces dossiers reste simple et les gains associés sont très importants.

Animergy propose aux développeurs/producteurs une suite de prestations spécialisées pour réussir l’ensemble des projets ACC ; sur les sujets de cet article nous vous proposons un accompagnement de qualité sur

Comment valoriser l’autoconsommation collective auprès des banques ?

L'autoconsommation collective : un sujet encore peu identifié et peu considéré par le secteur bancaire

L’autoconsommation collective est encore une pratique peu connue des banques dans l’analyse d’un prêt pour un projet de développement de centrales issues des énergies renouvelables.

Pourtant, avec la fin progressive de l’obligation d’achat comme valorisation de référence des projets de production d’électricité (pour un grand nombre d’installations photovoltaïques de moins de 500 kWc), l’autoconsommation collective va devenir une variable de plus en plus présente à prendre en compte.

A noter que ce changement de paradigme impacte autant les banques que les producteurs dans leur business model. Nous constatons que pour celles qui ont intégré la notion d’autoconsommation collective, elles sont particulièrement volontaires dans la recherche de solution – bien que l’état de l’art se résume aujourd'hui à du cas par cas. Nous gageons que ce sera bien différent d'ici 1 an !

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le sujet est en pleine évolution (positive). Ce qui suit vise à donner les clés de lecture pour comprendre les enjeux financiers d’une telle pratique.

Comment fonctionne la banque par défaut pour estimer l’octroi d’un prêt sur un projet de nouvelles centrales de production d’électricité ?

Tout d’abord, l’objectif de la banque lorsqu’elle prête de l’argent est de faire un bon investissement. Elle doit donc s’assurer d’avoir un retour sur investissement en prenant en compte tous les risques mesurables.

Mais lesquels ? Exemple sur le solaire (non exhaustif mais synthétique) :

La banque va baser son analyse sur ces risques et va pouvoir estimer les éléments de base pour l’octroi du prêt :  montant de l’apport, taux d’intérêt et durée du prêt.

La fin de l’obligation d’achat impacte directement les risques de prêt bancaire

Avec la fin de l’obligation d’achat, le risque de valorisation et de contrepartie est sérieusement remis en cause par la banque qui va naturellement exiger des alternatives et – quoi qu’il arrive - dégrader les caractéristiques du prêt.

Le producteur ne sera pas sans solution d’aide de l’état notamment par le complément de rémunération qui va se généraliser sur les petits segments photovoltaïques (nous y reviendrons dans un autre article). En bref, cette pratique n’apporte pas toujours de garantie (il faut gagner les appels d’offres) et la valorisation de l’électron produit sera bien en-deçà de ce qu’il était avec la mécanique d’obligation d’achat.

Dans cette dynamique, l’autoconsommation collective apparaît ainsi comme une piste complémentaire de plus en plus sérieuse.

Quel montage d’autoconsommation collective viable pour être considéré par une banque ?

Ce qui suit est un idéal et il permet d’imaginer toutes les voies alternatives pour l’atteindre.

De nos échanges avec les banques, elles sont sensibles à une situation où le producteur a un engagement d’achat d’électricité de la part d'un ou ou plusieurs consommateurs à :

C’est idéal car cela s’apparente à une forme d’obligation d’achat partielle qui permet de couvrir le risque de valorisation et de contrepartie. C’est donc un matelas solide sur lequel peut s'appuyer l’octroi du prêt.

Comment monter le dossier ?

Animergy vous accompagne pour trouver et conclure les contrats avec le ou les consommateurs concernés.

Que ce soit au niveau :